Il y a pile une année, le début du bras de fer entre Apple et le FBI avait passionné les technophiles. La société avait employé tous les moyens judiciaires à sa disposition pour ne pas fournir à la police les moyens de déverrouiller un iPhone ayant appartenu à l’un des responsables de la tuerie de San Bernardino, en Californie, lors de laquelle 14 personnes avaient perdu la vie. Cette semaine, un autre combat de ce type a débuté. Amazon vient de refuser de donner à la police les enregistrements d’un meurtre qu’aurait pu effectuer son haut-parleur intelligent Echo, dont il a vendu plusieurs millions d’exemplaires principalement aux Etats-Unis. Cette nouvelle bataille qui se dessine met aussi en lumière la masse d’informations qu’enregistrent en permanence smartphones et assistants personnels.

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Commençons par le meurtre. La scène se déroule en novembre 2015 à Bentonville, dans l’Etat de l’Arkansas. Victor Colins, âgé de 47 ans, est retrouvé noyé dans une baignoire. La thèse du suicide n’est pas privilégiée par la police, qui découvre rapidement des traces de coups sur le corps. Immédiatement, l’enquête se concentre sur James Bates, qui possède la maison où a été retrouvé le corps. L’homme nie toute implication dans le crime – il avait appelé la police en affirmant avoir découvert lui-même le corps. Lors de la perquisition, les policiers découvrent un haut-parleur Echo d’Amazon. Ils constatent aussi qu’au moment du crime de la musique était diffusée dans une partie de la maison, via Echo.

Plus de 10 000 commandes vocales

Immédiatement, un procureur du comté de Benton, Nathan Smith, exige d’Amazon les enregistrements effectués par Echo. Car le haut-parleur écoute en permanence ce qui se passe autour de lui, de manière à répondre en tout temps à des commandes vocales. Il suffit en effet de commencer une phrase par «Amazon…» ou par «Alexa…» (l’assistant numérique au sein d’Echo) pour que le service commande une pizza, un taxi, diffuse une chanson précise ou abaisse la luminosité dans la pièce. Cette semaine, Amazon annonçait d’ailleurs qu’Alexa était désormais capable de rendre 10 000 services différents.

Cette semaine aussi, Amazon annonçait aussi qu’il refusait catégoriquement de donner à la police les enregistrements d’Echo stockés sur ses serveurs. La multinationale affirme que les enquêteurs doivent d’abord lui prouver que l’information demandée n’est pas disponible ailleurs. Dans un communiqué, Amazon précise qu’il «ne donnera pas des informations sur ses clients sans une demande valable et contraignante. Par principe, Amazon s’oppose à des demandes inappropriées ou trop larges.»

Smartphones à l’écoute

Ce cas pose plusieurs questions. D’abord, on ne sait pas exactement ce que stocke exactement Amazon sur ses serveurs informatiques pour faire fonctionner Alexa. Toutes les commandes vocales sont envoyées en temps réel vers les centres de données qui les analysent – mais il n’est pas encore clair si et combien de temps ces données sont enregistrées. Il est donc possible, mais pas du tout certain, que des enregistrements audio du crime soient en possession d’Amazon.

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Une deuxième question se pose sur le fait que smartphones et haut-parleurs nous enregistrent en permanence. Si l’assistant personnel Siri d’Apple est activé, l’iPhone écoute en permanence son environnement en attendant une commande commençant par «Dis Siri…». Idem pour les téléphones fonctionnant avec Android, qui obéissent aux ordres débutant par «OK Google…».

Apple avait tenu bon

Enfin, il sera intéressant de voir si Amazon parvient à résister. Dans le cas de la tuerie de San Bernardino, Apple avait tenu jusqu’au bout. Le FBI avait affirmé avoir trouvé un autre moyen d’accéder au téléphone – sans en donner le résultat.